lunes, 5 de septiembre de 2016

L'hiver du dessinateur

Gagnant de deux des prix les plus importants de l'édition dernière du Salón (meilleur ouvrage et meilleur scénario), Paco Roca a signé un des meilleures bandes dessinées nationales des derniers temps, en racontant l'histoire réelle de l'Éditorial Brugera et la politique patronale vers ses créateurs, qui ferait les artistes d'aujourd'hui pleurer du sang: les dessinateurs n'étaient pas les maîtres de leurs personnages et ils n'étaient qu'une fois payés, tandis que leurs bandes dessinées étaient publiées plusieurs fois sur plusieurs magazines. Un groupe d'eux (les plus soulignés), devant cette situation abusive, ils ont décidé d'abandonner l'entreprise et créer leur propre éditorial.

Le récit se structure avec des trous temporels et des gammes chromatiques en accord avec la station et la trame du chapitre en question: des détails qu'on distingue et dont on profite dans une deuxième et troisième lecture. Ce que j'ai aimé le plus, ce sont les conversations à trois ou quatre parties qui sont menées à bien sur des dessins de format oblong; une composition de la scène qui est très complexe à faire fluide dans les bandes et qui est couramment résolue là.

L'ambiance du bureau de Bruguera, avec ce machisme qui se distille tout naturellement, les robes, les dessinateurs... m'a assez rappelé Mad men. J'ai pu vérifier que c'est un effet cherché à travers des propres dépositions de l'auteur, quand il a dit plutôt qu'un film, la bande pourrait inspirer une série du style de celle de ces fumeurs-alcooliques-coureurs publicistes.

Ce qui est meilleur de tout, c'est que j'apprécie une évolution (plutôt qu'une amélioration) dans le dessin du Valencien, un perfectionnement dans le coloris et la composition des bandes dessinées, mais ce qui m'a surpris le plus agréablement, c'est le scénario, la capacité littéraire de relater moyennant le texte et le dessin: la maîtrise du langage de la bande dessinée, en définitive, qu'il possède et luit dans chacun de ses derniers travaux. Faisons la compte-rendu de quelques-uns:

  • Arrugas. Histoire tendre sur des petites personnes âgées qui habitent dans un asile: leurs problèmes de santé, leurs routines monotones et leur détérioration progressive. Cela a été, entre d'autres reconnaissances, Prix National de la Bande Dessinée du 2008. Si tu es dur et ne pleures jamais, tu l'aimeras. Si tu es pleurnicheur, aie des kleenex à portée de main pendant que tu le lis et en profites.
  • Las calles de arena. En faisant un parallélisme avec le cinéma d'Amenábar, si Arrugas est son Mar adentro, Las calles de arena est son Abre los ojos. Un scénario risqué avec des touches kafkaïens, lynchiens et surréalistes: un jour on prend un raccourci par une rue inconnue et on est attrapé dans un quartier duquel c'est impossible d'échapper. Milliers de nuances et une poignée de personnages secondaires.
  • El faro. Récemment réédité avec des commentaires et des corrections, il s'agit d'une histoire plus simple que les antérieures, apparemment avec moins de prétentions, mais avec un résultat exquis. Il se base sur la relation d'amitié entre un gardien de phare et un jeune soldat républicain qui fuit des nationaux. Mais même l'histoire traite des rêves, de la persécution de ceux-ci, que si on ne lutte pas pour eux, on n'atteindra pas le bonheur... 

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