sábado, 10 de diciembre de 2016

Radiographie d'un photogramme: « Once upon a time in the West »

Le regard du mal
Une famille innocente a été massacrée à coups de feu et seulement un petit enfant a survécu. Plusieurs hommes, engainés dans longs manteaux et dont des visages on ne peut pas voir, s'adressent à lui disposés à finir leur travail. Le gamin —immobilisé par la terreur et avec des larmes en se battant pour surgir de ses yeux— les voit se rapprocher sous les accords lugubres de la bande son saisissante. C'est la fin des années 60 et rarement on a vu une séquence tellement cruelle au cinéma: est-ce qu'ils seront réellement capables de montrer l'assassinat d'un pauvre enfant à l'écran ? Le public commence à imaginer les traits, encore pas clairement montrés, du leader sanguinaire de la bande. Ce sera certainement un individu de laideur presque monstrueuse avec quelques traits physiques étranges qui symbolisent sa méchanceté intérieure ineffable.

« Jesus Christ, it's Henry Fonda! », comme ceci le propre Fonda résumait l'impression profonde que les spectateurs subissaient quand la caméra tournait sur le leader sadique des assassins et pouvaient voir le visage de l'acteur qui, depuis toujours, avait symbolisé l'honnêteté, la rectitude et les vertus admirables propres du Bon Homme Américain.
Sergio Leone, directeur de Once upon a time in the West, s'était obstiné que Henry Fonda interprétait le scélérat de l'histoire, quelque chose que Fonda lui-même a reconnu ne pas comprendre jusqu'à ce qu'il a vu le film fini. C'est pour ça que l'acteur s'est présenté devant Leone avec l'image qu'il considérait idéale pour interpréter un méchant prototypique: les pattes, le bouc qui modifiait sa mine... et les lentilles foncées pour occulter le bleu ciel de ses yeux; bleu que le public instantanément associait avec la bonté et la candeur d'esprit qui étaient propres à ses rôles habituels. Lorsqu'il a vu Henry Fonda apparaître de cette façon, Leone est devenu frénétique: « What is all this? Remove your contacts! It's your blue eyes that I'm paying for! »
Bien sûr, Leone avait raison. Le propre Fonda s'est senti effrayé lorsqu'il a assisté à la projection du film, en contemplant comment son personnage était présenté: ses yeux bleus n'étaient plus bleu ciel, mais bleu acier. Son visage n'était plus la représentation de la vertu, mais la propre face du mal. Sa voix douce n'était plus la voix de la justice, mais le ton étouffé d'un assassin impitoyable. Même son sourire avait arrêté de paraître naïve, fiable et proche. Dans un échange terrifiant de premiers plans, Henry Fonda souriait de demi côté au petit enfant... l'enfant que le plus noble entre les héros nobles de l'écran était sur le point d'assassiner à coups de feu.

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