lunes, 19 de diciembre de 2016

Démocratie réelle maintenant !

Place de Catalogne, Barcelone
Dimanche dernier, le 15 de mai, quelque chose est arrivé à Madrid. Il semblait une minutie, une bêtise; réunion de punks à chiens qu'on a dissous comme d'habitude. Remarquez combien la chose a été insignifiante, que le jour suivant, c'était très difficile de trouver une seule référence dans la presse écrite; dans l'édition en papier d'El Mundo, par exemple, on n'y a pas même consacré une seule ligne.
Madrid


Sur les réseaux sociaux, en revanche, le sujet brûlait. Trending topic à niveau international. Et, bien sûr, sur les réseaux sociaux, c'est où il faut chercher le germe de tout ce qu'il se passe. Le mouvement ¡Democracia real ya! est né sur internet héritier de, entre autres, la plate-forme #NoLesVotes. Avec un manifeste assez clair et des propositions pas du tout tirées par les cheveux: égalité, solidarité, droit au logement, à la santé, à l'éducation... lisez, lisez. Les devises, le manifeste, ils ne cherchaient pas à être particuliers. Justement pour rassembler le nombre le plus grand possible de personnes.

Comme je vous disais, des réseaux sociaux, ça est entamé et ça s'y est étendu. Ce qui a commencé comme une manifestation de refus vers le système politique et économique où nous vivons a entraîné un camping sur la Puerta del Sol de Madrid. Heure après heure, le campement improvisé a commencé à gagner des adeptes et une autre manifestation spontanée a été achevée à 20 heures de lundi 16 mai. Le problème, pour la délégation du Gouvernement et la Police Nationale, c'est que ce n'était plus la manifestation typique de jeunes de gauche qu'ils sont habitués à dissoudre à coups de bâton. Vraiment des gens très jeunes, de classe moyenne, mais qu'ils n'avaient pas l'air de la ville de Vallecas. Des vieilles connaissances appartenantes à plusieurs collectifs avec mille et une batailles sur les dos, minets, hippies, intellos, familles. Oui, des familles; pères, mères, grand-parents. Une représentation de tout Madrid, et bien. La chose était vraiment comme ça et deux jours après même Carlos Fabra se joignait, pas corps mais âme, à la manifestation. Et, bien sûr, tout à coup la police ne savait pas quoi faire. Plutôt les chargés de dire à la police ce qu'ils doivent faire, ils ne savaient pas quoi faire. Vous imaginez le visage de Rubalcaba si, dans ces temps de smartphones, la police prend tout et des vidéos sur YouTube de membres de l'Unité d'Intervention Policière (les antiémeutes de toujours) en emportant les gens qui poussent des poussettes de bébé apparaissent ? À moins d'une semaine des élections ? No way. Donc on a opté pour attendre que la nuit arrivait et, la nuit et en traître, ils ont délogé les campés un par un. Problème ? Les fichus gens sont têtus et ils décident d'y rentrer. En plus, il semble que, loin de dissuader, les actions policières ont encouragé plus de monde à s'y joindre.


Santander
Le campement a crû. La manifestation des 20 heures, déjà établie avec périodicité, a crû. Et le Conseil Électoral de Madrid est arrivé et il a interdit le rassemblement au kilomètre zéro parce que « la manifestación puede afectar a la campaña electoral ». Y manquait plus que celui-là.


Bien sûr que ça peut affecter, alors ? Nous devons nous boner aux effets produits par des meetings et des conférences de presse sans questions de partis poliques ? Des partis politiques qui, dans cette campagne, débutent une loi qui octroie le temps aux média proportionnel aux résultats obtenus dans les dernières élections. C'est-à-dire, on écoutera de plus en plus le grand et on ferme la bouche du petit. En fin de compte, pour les personnes politiques ça va bien que nous les citoyens votions tous les quatre années et le reste du temps que nous étions tus et que nous voyions le football. Mais il paraît que les citoyens n'y sont pas d'acord et le rassemblement de Sol a continué à croître. Pas seulement ça: dans des autres villes de l'Espagne, le phénomène a commencé à se répéter. Et il semble qu'au delà de nos frontières aussi.

Et les média ? Donc désespérés. Si, au début, ils n'ont pas donné d'importance au sujet parce que la mode était Bildu pour les uns, une récupération hypothétique du PSOE pour les autres, ils se sont enfin rendus compte que pas un chat leur faisait attention et que ce qui vend maintenant des journaux, c'est ce qui se passe sur les places de la géographie espagnole. De cette sorte, maintenant oui; des unes, débats, éditoriaux, ce qu'il faut. Le problème, pour eux, c'est que c'est un mouvement qui n'a pas de chef visible, ce qui rend les journalistes fous. On recueille les propositions de n'importe qui passe par là-bas et qui remplisse un papier. N'importe qui. Après, ces propositions sont regroupées par plusieurs sujets en cherchant d'harmoniser des messages semblables. À la suite de ces sujets, on établit des commissions de plusieurs sortes: sociale, immigration, infrastructures, juridique, communication... et elles essaient que, à l'extérieur, seulement les trente-six porte-paroles existants ne soient la voix officielle du rassemblement. À tours rotatifs et en essayant que les visages ne se répétent pas trop. Et tout le travail des comissions débouche sur des assemblées publiques horizontales, où on expose d'abord tout le travail réalisé et après tout le monde peut intervenir à son tour de parole.
Seville


Les partis politiques essaient de capitaliser le mouvement, mais pour le moment ils ne l'ont pas réussi. Même si on ne tient pas le mouvement pour apolitique, il se déclare vraiment et ouvertement non-partisan. On a rejeté la collaboration de n'importe quel syndicat. On a reçu des appels de plusieurs personnes politiques (Pepe Blanco et Rosa Díez entre autres) et on a aimablement décliné leurs propositions de collaboration.

Aujourd'hui le Conseil Électoral Central a lancé un défi aux différents rassemblements en déclarant illégal n'importe quel type de manifestation pendant le silence électoral préalable aux élections. Le Tribunal Constitutionnel a soutenu en 2010 la possibilité de réaliser des rassemblements dans cette classe de jours si la possibilité d'influer sur l'électorat est minime. Du premier moment, dans les assemblées, on a dit très clairement qu'on ne demande pas le vote pour ni contre aucun parti politique. Comme j'ai déjà dit, elles se considèrent « non-partisanes ». Et dans ces moments, on cherche des formules pour manifester le mécontent social le lendemain.

En parlant maintenant pour ma génération, nous sommes des jeunes qui sont nés dans une société individualiste et consommatrice et qui, tout à coup, se voient plongés dans une expérience en voie de disparition; la force collective à propos du souhait de changement. Les idées qu'on écoute sur la Puerta del Sol sont beaucoup, peut-être trop, mais il y a quelque chose de latent sous toutes elles: souhait de répartition d'oportunités économiques et plus grande participation de la part de tous. Démocratie réelle, et bien.
Barcelone

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