domingo, 15 de abril de 2018

Étiquette pop

Pop naïf, twee popmorning-singer pop… C'est allergique que je suis aux étiquettes, la première d'elles m'irrite pour la facilité avec laquelle on l'accroche, surtout, des personnes qui n'écoutent pas de musique au-delà des années 70, époque où ces pépés radoteurs aigris ont eu leurs premiers petits-enfants. Je vais sommairement réviser certains groupes que j'ai écoutés à un moment donné qui assumaient cette tare, en séparant quelques-uns de totalement indispensables de découvertes surprenantes. 

Bande son de Super Ñoño

Ce type de musique que seulement le personnage de La hora chanante considérerait épique. Dans cette catégorie, des thèmes et des groupes rentrent, oui, peut-être qu'ils te feront te balancer au rythme de leurs chansons, mais la plupart d'entre eux sont collants et lourds jusqu'à ce qu'on dit « ça suffit, arrêtez, pour l'amour de Dieu ! ». Je citerai, par exemple, Los Fresones Rebeldes, un groupe des années 90 avec un nom qui, d'emblée, ne te fait pas supposer que tu es devant une formation musicale sérieuse. Son succès le plus grand, Al amanecer, compte sur des strophes de grande portée émotionnelle, comme celle-ci :
Es que si estás cerca me siento mejor,
desde que te conozco estoy mucho mejor.
Sé que puedo amarte todavía mejor,
quiero que me ayudes con la respiración.
Mejor, …mejor, …mejor, … argh ! La grande erreur est de penser que si ce sont des mélodies naïves, gaies et lumineuses, les paroles doivent être faciles, et oui, là « faciles » est un euphémisme pour « simples », « débiles ». Mais on peut composer des thèmes qui ont un petit peu plus de substance ou même autocritique. Un des grands espoirs du pop patriotique des derniers temps, Rusos Blancos, il a des chansons très amusantes, comme Carrera de lesbianas ou, par exemple, Supermodelo (trending topic sur Twitter il y a quelques jours) :
Esas chicas indis,
que bailan sin mover los pies.
Con sus sonrisas tristes que no te dejan ver,
que no cuidarán de ti,
que no te harán feliz.
Quelqu'un devait le dire, parce que ceci, c'est comme ça.

Des critiques corrosives, mine de rien

Un phénomène curieux arrive avec un de ces groupes d'apparence et voix inoffensives : dès que les premiers accords sonnent dans un bar, ils déclenchent l'euphorie, en favorisant de petits cercles pour réciter le refrain et en générant de hauts niveaux d'exaltation de l'amitié pas difficiles à atteindre, par ailleurs, à certaines heures du soir. Ils sont pratiquement des hymnes générationnels qui renferment des critiques dures à la société et elles sont chantées à grands cris comme déclaration de principes. Dans cette catégorie, des formations musicales comme Los Punsetes et La Costa Brava entrent. Des premiers, j'écris un passage d'un de leurs grands hits, Tus amigos :
Que le den pol culo a tus amigos.
Pasa de ellos y ven conmigo.
Tu trabajo me toca las pelotas.
Conmigo ya tienes de sobra.
Des vérités de leurs propres mains et une correction à la totalité des priorités de la majorité des mortels. Quant à La Costa Brava, sur son Adoro a las pijas de mi ciudad, il distille une des ironies des plus cruelles, en soulignant avec goguenardise les vertus de l'existence superficielle des gamines jeunes et riches :
Su estilo de vida tan convencional
me produce tanta envidia.
Incluso el más cínico puede apreciar
la belleza de las cosas simples.
Un discours moral qu'ils achèvent avec des thèmes comme El cumpleaños de Ronaldo (R9, pas CR7), où ils prétendument consolent certain mannequin qui a souffert une infidélité (bon, ou plusieurs) dans cet événement. Géniaux.
Surprendre, c'est facile, si on sait comment
C'est mon style favori dans ces sous-catégories. J'aime bien tomber sur des paroles qui défient toute logique, soit pour l'absurde et fantaisiste de leur proposition, pour la double lecture des chansons, soit parce qu'elles racontent des histoires qu'on n'a pas l'habitude d'écouter au milieu d'une mélodie.

Mecano a publié des chansons comme Hoy no me puedo levantar qui pourraient bien entrer dans le premier paragraphe que j'ai antérieurement commenté, mais ils ont aussi accouché des extravagances comme Focas :

Focas, son el nuevo imperio.
Focas, tómatelo en serio.
Focas, dominando el mundo. Oooouoooh.
Focas, que se han hecho abrigos.
Focas, con piel de nativo.
Focas, ten cuidado amigo.
Et il ne s'agit pas d'un soutien subliminal à l'anorexie, mais qu'elle contait une hégémonie mondiale présumée des phoques, ces gros mammifères, avec de la moustache. Et des nageoires.
Le monde obscur des 80 nous apportait aussi une maquette exquise (que le grand DJ Patrullero m'a découvert il y a quelques mois) du groupe Ataque de Caspa, où la très originale Viaje a Egipto se trouvait :
Siempre me interesó la entomología,
pero fue en mi viaje a Egipto
cuando descubrí el papiro de Saqqara.
Sus revelaciones sobre el culto al escarabajo,
me lanzaron a furiosos estudios entomológicos.
Mes connaissances musicales ne sont pas encyclopédiques, mais je vais m'asseoir sur la chaise de généraliser et je dirai qu'entomología, Saqqara et papiro sont des mots que personne n'a jamais osé enchaîner dans aucune chanson. Et dans leur thème La pesca ils nous surprenaient avec plus d'ingéniosité :
Supongamos por ejemplo
que una galerna destroza una parte importante
de la flota de bajura del Cantábrico.
¿Cuál será el efecto sobre el mercado de sardinas,
la destrucción de parte de los barcos?
Je n'imagine pas Leonard Cohen en posant ouvertement ces problèmes épineux de microéconomie, à vrai dire. Je ne suis pas le seul qui a été bouche bée avec la maquette, parce qu'un vinyle avec des versions d'Ataque de Caspa à la charge de Los Punsetes, Linda Mirada, Triángulo de Amor Bizarro et Kaus&Kinski va prochainement être publié. Si je commentais avant mon aversion aux étiquettes, précisément ce dernier (qui est un de mes favoris à l'heure actuelle) a l'honneur douteux d'être le groupe qu'on a ajouté le plus de petites notes à ses thèmes: boléro, paso doble, folk, bossa nova, shoe gaze... Ils sont une sorte de Stanley Kubrick musical, expérimentant avec chacun des aspects musicaux et leur donnant sa touche personnelle. Une Mengele y el amor inquiétante et politiquement très incorrecte —selon comment on interprète les paroles— sert d'exemple.
Me gustaría probar sobre tu tersa piel
el efecto fatal de un potente abrasador,
que gota a gota de mi pecho brota orgulloso por la sed
de entrar a tu cuerpo a poseer tu íntima desnudez.
Y si prefieres aún te puedo inyectar lo que tú y yo sabemos,
puedo hacer de tu cuerpo un estuche de cristal.
Brr… qu'on n'attrape pas Nacho Vigalondo en fredonnant ce thème et lui demande « comment s'intitule-t-elle, cette chanson tellement cool ? »

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